mardi 17 mai 2016

Anastasie à la BSG

Après le pilonnage du patrimoine, le désherbage de l'expression syndicale



A l’heure où le besoin de transparence et de débat démocratique se fait particulièrement ressentir en France, la liberté d'expression et l'exercice des droits syndicaux élémentaires sont  bafoués à la BSG : retrait de documents du panneau d'affichage syndical, suppression de messages de la rubrique "expression syndicale" de l'intranet du personnel, accusations à l'encontre des représentants du personnel. 





 Ce n'est pas la première fois que le directeur de la BSG méconnaît les règles définissant le rôle des élus dans les différentes instances, mais un pas supplémentaire a été franchi, il nous semble inacceptable.

Petit rappel des faits…

L'intersyndicale de la BSG, s'appuyant sur des informations contenues dans la Lettre d'information du personnel du 04 avril 2016, a dénoncé dans un communiqué intitulé « BSG Papers » la décision de mettre au pilon des ouvrages qui nous semblaient mériter un meilleur sort, notamment un ouvrage de 2011 sur Labrouste édité par la BSG. Ce communiqué n'ayant pas été du goût du directeur, ce dernier a posté un message intitulé « Rétablissement d’une vérité » sur la liste de diffusion destinée à l’ensemble du personnel de la BSG, mettant gravement en cause l’intersyndicale de la BSG :

« Un communiqué de l'intersyndicale de la bibliothèque Sainte-Geneviève circule actuellement sur différents réseaux, portant des accusations sur la gestion du patrimoine de la bibliothèque. Il m'apparaît dès lors nécessaire de rétablir les faits [...]. Je suis extrêmement choqué par les procédés utilisés pour évoquer cette opération, tout autant malhonnêtes que malveillants. La diffusion d'informations inexactes, mettant en cause ma responsabilité, ajoute au caractère diffamatoire de cette démarche » (message du 11 avril 2016 sur la liste de diffusion BSG.global).

En fait de vérité, ce message comportait quelques inexactitudes manifestes puisque l'ouvrage en question, au dire du directeur, ne relevait pas du Dépôt Légal.
Pourtant, cet ouvrage édité et vendu par la BSG est bien entendu soumis au Dépôt Légal. Nous avons d’ailleurs la confirmation qu’il a fait récemment l'objet d'une réclamation officielle à ce titre.
  
Le droit de réponse que l’intersyndicale de la BSG a tenu à diffuser par le même canal n'ayant pas non plus été apprécié, la réaction suivante du directeur a été plus brutale : 

« Je rappelle les règles d'utilisation de la liste de diffusion des personnels bsg.global. Cette liste ne doit en aucun cas assurer la diffusion de messages d'ordre syndical, les syndicats disposant de canaux de diffusion qui leur sont propres » (message du 14 avril 2016 sur la liste de diffusion BSG.global).

D’autre part, le communiqué « BSG Papers » a été affiché sur le panneau syndical et publié sur le forum syndical de l’intranet. Le directeur a retiré le document du panneau alors qu’il n’en avait pas le droit, et a supprimé le message du forum dans un même élan.
Dans sa volonté de contrôler l’information et de bâillonner tout discours qui pourrait lui sembler critique, le directeur a aussi censuré sur le forum d’expression syndicale le compte rendu du Comité technique de Paris 3 du 11 avril 2016 rédigé et diffusé par un représentant élu, où il était question de décisions ou projets mis en œuvre à la bibliothèque et normalement soumis à l’avis du Comité technique de Paris 3.

Les représentants du personnel ont la mission de rendre compte, auprès des personnels qui leur ont donné mandat pour les représenter, des débats qui ont lieu et des avis qui sont votés dans ces instances.
Les comptes rendus sont régulièrement publiés sur le forum de l’intranet depuis plusieurs années, et c’est la première fois que l‘un d’eux est supprimé.

·       Nous dénonçons l'atteinte à l'exercice régulier des fonctions des représentants du personnel.
·       Nous dénonçons les entraves à la liberté d'expression syndicale. 
·       Nous récusons les accusations infondées de diffamation.

Comptez sur nous pour continuer à défendre avec le même engagement les droits du personnel, la liberté d’expression et les missions de service public.


Le 17 mai 2016,
L’intersyndicale de Paris 3 CFDT - CGT - FO – SNASUB-FSU  

lundi 11 avril 2016

BSG Papers : on pilonne le patrimoine !



En ces temps de Panama Papers, il pourrait sembler dérisoire de dénoncer ce type de scandale. Certes, il n'est pas question ici d'enrichissement personnel, mais plutôt d'appauvrissement collectif.

« Mettre au pilon : détruire les documents mis au rebut » nous dit le glossaire des bibliothèques.
Dans l’édition, on pilonne un stock de livres ou de numéros de revues quand ils n'ont plus aucune chance d'être vendus et que l'on manque de place.

C'est en tant qu'éditeur que la Bibliothèque Sainte Geneviève (BSG) s'apprête à pilonner.
En bibliothèque, avant de pilonner, il est d'usage de proposer les documents concernés en don aux bibliothèques et institutions publiques ou privées partageant notre mission de diffusion de la culture.

La BSG, elle, a choisi de pilonner des stocks d'ouvrages qu'elle a elle-même édités plutôt que de prendre la peine de les donner.


Lettre d'information de la Bsg du 4 avril 2016 (extrait)

Un exemple : Le rétablissement d'une architecture : honneur à Labrouste. Yves Peyré, photographies de Michel Nguyen. Bibliothèque Sainte-Geneviève, 2011 (25 Euros). 

 



De rapides vérifications permettent pourtant d'identifier de nombreuses bibliothèques ne possédant pas ce document.

En tout premier lieu, la Bibliothèque nationale de France, où le Dépôt Légal n'a semble-t-il même pas été fait puisque le livre est absent du catalogue. La BSG, dépositaire pendant plus d'un siècle d'un double du Dépôt Légal, source incontestable de la richesse de ses collections, est bien peu reconnaissante !
Au moment même où le quadrilatère Richelieu et sa grande salle de lecture construite par ce même architecte Henri Labrouste sont en pleine rénovation, un ouvrage sur la restauration du premier bâtiment qu'il a construit en intéresserait certainement plus d'un.




Hors la BSG, seulement cinq bibliothèques dans toute la France en possèdent un exemplaire dans leurs collections. Cette faible présence devrait inciter à une diffusion plus large.
Les collections de la BSG – comme celles de nombreuses autres bibliothèques – s'enrichissent régulièrement grâce aux dons. Pourquoi à notre tour ne pas donner ces ouvrages plutôt que les détruire ?
Voici quelques exemples d'établissements où cet ouvrage pourrait avoir sa place :
- la bibliothèque de l'ENSSIB et toutes les bibliothèques d'IUT Métiers du livre, spécialisées dans l'histoire des bibliothèques, 
- la bibliothèque de la Cité de l'architecture, qui a organisé en 2013 une exposition consacrée à Labrouste, l'INHA, ainsi que toutes les bibliothèques d'écoles d'architecture,
- les bibliothèques du réseau de la Ville de Paris, intéressées par l'histoire des monuments parisiens,
- les grandes institutions étrangères pouvant collaborer avec la BSG

Au-delà des bibliothèques, avant de pilonner, il serait possible de proposer des exemplaires aux architectes et historiens d'art venant des quatre coins du monde visiter ce bâtiment, et pourquoi pas aux différents publics de la bibliothèque, lecteurs ou visiteurs.
Cela contribuerait à la valorisation de l'histoire et du patrimoine de la BSG.

D'autres titres portant sur l'architecture et les collections de la bibliothèque risquent de subir le même sort.




La BSG est une bibliothèque de conservation, la richesse de ses collections en fait l'une des principales bibliothèques françaises, fréquentée tant par les étudiants que les chercheurs et le grand public. Certes, l'espace est limité, mais avant de détruire des livres neufs dans une urgence incompréhensible, il serait sage et responsable de prendre le temps de la réflexion.

La réalisation de cet ouvrage en 2011 a eu un coût, tous les acteurs de la chaîne du livre le savent bien : rémunération de l'auteur – ici salaire de l'ancien directeur ; droits d'auteur du photographe ; impression de plusieurs milliers d'exemplaires, diffusion. Diffusion défaillante puisque l'ouvrage n'est même pas présent sur Electre, ce qui explique la faiblesse des ventes.
Sa destruction aujourd'hui a également un coût.
Dans les deux cas, c'est de l'argent public qui est dépensé.

Conserver, communiquer, enrichir et valoriser, telles sont les missions des bibliothèques. Au moment où les ressources publiques se font rares, il semble judicieux de gérer le budget avec discernement.

Quand d'un côté la BSG pilonne des documents touchant à son histoire, et d'un autre décide de fermer sa salle de lecture ou de suspendre sa communication d'ouvrages pour privatiser ses espaces, nous nous interrogeons plus que jamais sur le sens de ses missions de service public.

Paris le 38 mars, ou 7 avril 2016
L'intersyndicale de la Bibliothèque Sainte-Geneviève
intersyndicale.bsg@gmail.com


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