jeudi 19 mai 2016
mardi 17 mai 2016
Anastasie à la BSG
Après le pilonnage du patrimoine, le
désherbage de l'expression syndicale
A l’heure où le besoin de transparence et de débat
démocratique se fait particulièrement ressentir en France, la liberté d'expression
et l'exercice des droits syndicaux élémentaires sont bafoués à la BSG : retrait de documents du
panneau d'affichage syndical, suppression de messages de la rubrique
"expression syndicale" de l'intranet du personnel, accusations à
l'encontre des représentants du personnel.
Ce n'est pas la première fois que le directeur de la BSG méconnaît les règles définissant le rôle des élus dans les différentes instances, mais un pas supplémentaire a été franchi, il nous semble inacceptable.
Petit rappel
des faits…
L'intersyndicale
de la BSG,
s'appuyant sur des informations contenues dans la Lettre d'information du
personnel du 04 avril 2016, a
dénoncé dans un communiqué intitulé « BSG Papers » la décision de
mettre au pilon des ouvrages qui nous semblaient mériter un meilleur sort,
notamment un ouvrage de 2011 sur Labrouste édité par la BSG. Ce communiqué n'ayant
pas été du goût du directeur, ce dernier a posté un message intitulé
« Rétablissement d’une vérité » sur la liste de diffusion destinée à
l’ensemble du personnel de la BSG,
mettant gravement en cause l’intersyndicale de la BSG :
« Un communiqué
de l'intersyndicale de la bibliothèque Sainte-Geneviève circule actuellement
sur différents réseaux, portant des accusations sur la gestion du patrimoine de
la bibliothèque. Il m'apparaît dès lors nécessaire de rétablir les faits [...].
Je suis extrêmement choqué par les procédés utilisés pour évoquer cette
opération, tout autant malhonnêtes que malveillants. La diffusion
d'informations inexactes, mettant en cause ma responsabilité, ajoute au
caractère diffamatoire de cette démarche » (message du 11 avril
2016 sur la liste de diffusion BSG.global).
En fait de
vérité, ce message comportait quelques inexactitudes manifestes puisque
l'ouvrage en question, au dire du directeur, ne relevait pas du Dépôt Légal.
Pourtant, cet
ouvrage édité et vendu par la BSG
est bien entendu soumis au Dépôt Légal. Nous avons d’ailleurs la confirmation
qu’il a fait récemment l'objet d'une réclamation officielle à ce titre.
Le droit de
réponse que l’intersyndicale de la
BSG a tenu à diffuser par le même canal n'ayant pas non plus
été apprécié, la réaction suivante du directeur a été plus brutale :
« Je rappelle les règles d'utilisation de la liste de diffusion des
personnels bsg.global. Cette liste ne doit en aucun cas assurer la diffusion de
messages d'ordre syndical, les syndicats disposant de canaux de diffusion qui
leur sont propres »
(message du 14 avril 2016 sur la liste de diffusion BSG.global).
D’autre part,
le communiqué « BSG Papers » a été affiché sur le panneau syndical et
publié sur le forum syndical de l’intranet. Le directeur a retiré le document
du panneau alors qu’il n’en avait pas le droit, et a supprimé le message du
forum dans un même élan.
Dans sa volonté
de contrôler l’information et de bâillonner tout discours qui pourrait lui
sembler critique, le directeur a aussi censuré sur le forum d’expression
syndicale le compte rendu du Comité technique de Paris 3 du 11 avril 2016 rédigé
et diffusé par un représentant élu, où il était question de décisions ou
projets mis en œuvre à la bibliothèque et normalement soumis à l’avis du Comité
technique de Paris 3.
Les représentants du personnel ont
la mission de rendre compte, auprès des personnels qui leur ont donné mandat
pour les représenter, des débats qui ont lieu et des avis qui sont votés dans
ces instances.
Les comptes rendus sont régulièrement
publiés sur le forum de l’intranet depuis plusieurs années, et c’est la
première fois que l‘un d’eux est supprimé.
·
Nous dénonçons l'atteinte à l'exercice régulier des
fonctions des représentants du personnel.
·
Nous dénonçons les entraves à la liberté d'expression
syndicale.
·
Nous récusons les accusations infondées de diffamation.
Comptez sur nous pour continuer à défendre avec le
même engagement les droits du personnel, la liberté d’expression et les missions
de service public.
Le 17 mai 2016,
L’intersyndicale de
Paris 3 CFDT - CGT - FO – SNASUB-FSU
lundi 11 avril 2016
BSG Papers : on pilonne le patrimoine !
En ces
temps de Panama Papers, il pourrait sembler dérisoire de dénoncer
ce type de scandale. Certes, il n'est pas question ici
d'enrichissement personnel, mais plutôt d'appauvrissement collectif.
« Mettre
au pilon : détruire les documents mis au rebut » nous dit
le glossaire des bibliothèques.
Dans
l’édition, on pilonne un stock de livres ou de numéros de revues
quand ils n'ont plus aucune chance d'être vendus et que l'on manque
de place.
C'est
en tant qu'éditeur que la Bibliothèque Sainte Geneviève (BSG)
s'apprête à pilonner.
En
bibliothèque, avant de pilonner, il est
d'usage de proposer les documents concernés en don aux bibliothèques
et institutions publiques ou privées partageant notre mission de
diffusion de la culture.
La BSG,
elle, a choisi de pilonner des stocks d'ouvrages qu'elle a
elle-même édités plutôt que de prendre la peine de les donner.
Lettre d'information de la Bsg du 4 avril 2016 (extrait) |
Un
exemple : Le rétablissement d'une architecture : honneur à
Labrouste. Yves
Peyré, photographies de Michel Nguyen. Bibliothèque
Sainte-Geneviève, 2011 (25
Euros).
De rapides vérifications permettent pourtant d'identifier de nombreuses bibliothèques ne possédant pas ce document.
En tout
premier lieu, la Bibliothèque nationale de France, où le Dépôt
Légal n'a semble-t-il même pas été fait puisque le livre est
absent du catalogue. La BSG, dépositaire pendant plus d'un siècle
d'un double du Dépôt Légal, source incontestable de la richesse de
ses collections, est bien peu reconnaissante !
Au moment
même où le quadrilatère Richelieu et sa grande salle de lecture
construite par ce même architecte Henri Labrouste sont en pleine
rénovation, un ouvrage sur la restauration du premier bâtiment
qu'il a construit en intéresserait certainement plus d'un.
Hors la
BSG, seulement cinq bibliothèques dans toute la France en possèdent
un exemplaire dans leurs collections. Cette faible présence devrait
inciter à une diffusion plus large.
Les
collections de la BSG – comme celles de nombreuses autres
bibliothèques – s'enrichissent régulièrement grâce aux dons.
Pourquoi à notre tour ne pas donner ces ouvrages plutôt que les
détruire ?
Voici
quelques exemples d'établissements où cet ouvrage pourrait avoir sa
place :
- la
bibliothèque de l'ENSSIB et toutes les bibliothèques d'IUT Métiers
du livre, spécialisées dans l'histoire des bibliothèques,
- la bibliothèque de la Cité de l'architecture, qui a organisé en
2013 une exposition consacrée à Labrouste, l'INHA, ainsi que
toutes les bibliothèques d'écoles d'architecture,
- les bibliothèques du réseau de la Ville de Paris, intéressées
par l'histoire des monuments parisiens,
- les grandes institutions étrangères pouvant collaborer avec la BSG
Au-delà
des bibliothèques, avant de pilonner, il serait possible de proposer
des exemplaires aux architectes et historiens d'art venant des quatre
coins du monde visiter ce bâtiment, et pourquoi pas aux différents
publics de la bibliothèque, lecteurs ou visiteurs.
Cela
contribuerait à la valorisation de l'histoire et du patrimoine de la
BSG.
D'autres
titres portant sur l'architecture et les collections de la
bibliothèque risquent de subir le même sort.
La BSG est
une bibliothèque de conservation, la richesse de ses collections en
fait l'une des principales bibliothèques françaises, fréquentée
tant par les étudiants que les chercheurs et le grand public.
Certes, l'espace est limité, mais avant de détruire des livres
neufs dans une urgence incompréhensible, il serait sage et
responsable de prendre le temps de la réflexion.
La
réalisation de cet ouvrage en 2011 a eu un coût, tous les acteurs
de la chaîne du livre le savent bien : rémunération de
l'auteur – ici salaire de l'ancien directeur ; droits d'auteur du
photographe ; impression de plusieurs milliers d'exemplaires,
diffusion. Diffusion défaillante puisque l'ouvrage n'est même pas
présent sur Electre, ce qui explique la faiblesse des ventes.
Sa
destruction aujourd'hui a également un coût.
Dans les
deux cas, c'est de l'argent public qui est dépensé.
Conserver,
communiquer, enrichir et valoriser, telles sont les missions des
bibliothèques. Au moment où les ressources publiques se font rares,
il semble judicieux de gérer le budget avec discernement.
Quand d'un
côté la BSG pilonne des documents touchant à son histoire, et d'un
autre décide de fermer sa salle de lecture ou de suspendre sa
communication d'ouvrages pour privatiser ses espaces, nous nous
interrogeons plus que jamais sur le sens de ses missions de service
public.
Paris le
38 mars, ou 7 avril 2016
L'intersyndicale
de la Bibliothèque Sainte-Geneviève
intersyndicale.bsg@gmail.com
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jeudi 7 avril 2016
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